Automobile : « Les succès allemands de la tech restent encore trop rares »

Hendrik Brandis, cofondateur et associé du fonds d’investissement Earlybird, estime que l’Allemagne doit revoir la façon dont elle organise et finance l’innovation de rupture.

Logiciel Dec 2, 2024 IDOPRESS

Le PDG de BioNtech,Ugur Sahin (à droite),présente le modèle d’un ADN plasmidique au chancelier allemand Olaf Scholz (à gauche) lors de sa visite à l’usine de la société BioNTech,à Marbourg,le 2 février 2023. ANDRE PAIN / AFP Hendrik Brandis est cofondateur et associé du fonds d’investissement Earlybird,créé en 1997 et axé sur les entreprises innovantes européennes. Il regrette notamment le manque d’investissement sur les start-up européennes.

Depuis la création du concepteur de logiciel SAP en 1974,l’Allemagne n’a pas produit d’entreprise capable de rivaliser avec les grands groupes de la tech californienne ou chinoise,malgré des milliards d’euros investis en recherche et développpement. Comment l’expliquez-vous ?

La principale raison tient aux processus d’innovation caractéristiques des technologies intermédiaires,c’est-à-dire qui dégagent un taux de croissance relativement faible. L’industrie allemande a développé ces quatre-vingts dernières années une grande expertise dans l’innovation incrémentale,à savoir l’amélioration progressive des produits existants.

Cette compétence n’est pas celle qui serait nécessaire pour produire de l’innovation disruptive,la seule capable de dégager de forts taux de croissance. Le cœur du problème,ce sont les structures de décision à l’intérieur des grands groupes traditionnels,qui favorisent les cycles de développement classiques et n’autorisent pas l’innovation de rupture. Celle-ci doit se produire en dehors des groupes.

Quel rôle joue le financement dans ce décrochage ?

Un rôle majeur. Si vous pensez aux années du « miracle économique » allemand,dans les années 1950 et 1970,le pays investissait chaque année de 3 % à 4 % de son PIB dans des entreprises en croissance. A l’époque,l’industrie enregistrait des taux de croissance annuels à deux chiffres. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Si on transpose cet effort au PIB actuel,cela représenterait 120 à 150 milliards d’euros par an,qu’il faudrait investir dans des entreprises en forte croissance,sous forme de capitaux propres,ce qui est la seule façon adaptée pour investir dans des entreprises basées sur la connaissance.

Or,l’Allemagne n’a investi en 2023 que 7 milliards dans ce type d’entreprise. Cela tient notamment aux dispositions réglementaires européennes de Solvabilité II,qui favorise les investissements dans les obligations d’Etat en raison d’exigences inappropriées et complique les investissements dans les entreprises en croissance. Et pourtant,le pays dispose de suffisamment de capital disponible !

Rien que l’industrie allemande de l’assurance investit chaque année 300 milliards d’euros et le taux d’épargne est très élevé. Il faudrait seulement l’attirer au bon endroit. Malheureusement,les initiatives lancées récemment pour mobiliser les capitaux privés – comme le fonds WIN en Allemagne,proche du plan français Tibi – demeurent bien trop timides pour changer la tendance. OpenAI a levé 18 milliards de dollars pour financer sa croissance et devenir un groupe mondial. On est très loin de placer autant d’argent sur les start-up européennes.

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