L’Espace santé étudiants de l’université de la ville girondine distille des conseils aux responsables associatifs en charge de l’organisation des événements festifs, où l’alcool coule à flots et est responsable de plus de la moitié des violences sexuelles et sexistes.
Des « étudiants relais santé » en intervention lors du gala Miage,le 25 mars 2022 à Bordeaux. KARL COSSE Léa Combe,23 ans,s’est installée derrière le bar. Elle est en master 2 à l’université de Bordeaux,mais aussi présidente de l’association des étudiants en productique. D’où sa casquette éphémère de barmaid. Mayana Seguettes,20 ans,en troisième année de licence de droit,lui commande un verre de rouge. A ses côtés,Sarah Dubois-Moueddene,21 ans,voudrait un Captain Morgan,un rhum des Caraïbes,mais il n’y a aucun « soft » pour diluer…
A vrai dire,il n’est que 14 h 15 et le point de ralliement n’a rien d’un lieu festif : le groupe d’étudiants se trouve dans une salle quasi vide de la piscine universitaire de Talence. Les boissons servies par Léa ne contiennent pas une goutte d’alcool : juste de l’eau plate à transvaser dans des verres gradués pour s’entraîner à respecter la « dose bar » : soit l’unité d’alcool qui sera ensuite présente dans le sang.
« Quoi que vous commandiez,normalement vous aurez toujours la même quantité d’alcool »,leur explique Cécile Langlois,infirmière à l’Espace santé étudiants de Bordeaux. « Et connaissez-vous la quantité d’alcool pure dans un verre standard ?,interroge sa collègue Sophie Martin. C’est dix grammes par unité ! »
Dynamiques et enjouées,les deux soignantes animent en cet après-midi d’octobre une formation à la réduction des risques en soirée,« pour pratiquer le safe-musement en toute maîtrise ». Très loin d’une injonction à la non-consommation. L’atelier,d’une durée de deux heures,est destiné à tous les représentants d’associations étudiantes qui sont amenés à organiser des week-ends d’intégration,galas et autres bals de promo.
Créé dans les années 2000,l’Espace santé étudiants de Bordeaux effectue ce travail au sein d’une population de 70 000 étudiants. Arrivée en 2008,Lucie Guignot,coordinatrice promotion de la santé et communication,a eu le temps d’observer les mentalités des jeunes évoluer : « A une époque,les présidents d’association avaient l’impression qu’ils organisaient leur soirée d’anniversaire avec des potes. Ils ne se rendaient pas compte de leurs responsabilités ! »
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