Au procès de Pierre Palmade, condamné à cinq ans de prison, dont deux ferme, le récit de trente-cinq ans d’addictions et une famille brisée

L’humoriste avait pris le volant sous l’emprise de stupéfiants, en février 2023, et avait percuté une voiture, faisant trois blessés graves, dont une femme enceinte qui a perdu son fœtus.

Technologie Nov 21, 2024 IDOPRESS

Pierre Palmade,lors de son procès au palais de justice de Melun,le 20 novembre 2024. ALAIN JOCARD / AFP Une route en ligne droite,chaussée sèche,sans le moindre obstacle à l’horizon. Mila voit encore la main de son beau-frère venir se plaquer sur le volant. Des phares l’éblouir,« comme s’ils nous visaient ». L’impression d’être secouée « comme dans un manège ». Et mal,très mal,trop mal au ventre. A la barre du tribunal correctionnel de Melun,mercredi 20 novembre,Mila se fige un instant pour raconter « la sensation de vide » qui a suivi. Sa césarienne d’urgence à vingt-sept semaines et cinq jours de grossesse. Sa fille Solin,mort-née. Mila a bien compté quand elle l’a serrée dans ses bras : Solin avait tous ses doigts. Elle pesait 1 090 grammes. L’accident l’a tuée in utero.

Mercredi soir,Pierre Palmade a été condamné à cinq ans de prison,dont deux ans ferme,pour blessures involontaires aggravées. Il n’était pas poursuivi pour homicide involontaire car,si le fœtus était « viable » selon les experts,Solin n’a pas montré de signe de vie extra-utérine et n’a donc pas de personnalité juridique constituée. « Je suis anéanti,a déclaré Pierre Palmade,au cours de l’audience. C’est un débat juridique qui me dépasse. Moi,j’aurai toujours ce bébé sur la conscience. »

Le 10 février 2023 à 18 h 45,un choc frontal sur une départementale de Seine-et-Marne est venu fracasser les vies de Mila,alors enceinte de six mois,et de sa famille. Le corps broyé de son beau-frère,résumé en 171 jours d’incapacité totale de travail,s’avance douloureusement à la barre un an et demi plus tard.

« Le cerveau d’un drogué »

Appuyé sur une béquille,il énumère des séquelles en chapelet : les opérations,les médicaments,la rééducation,l’infirmité permanente de sa main gauche,les douleurs qui « tapent au cerveau »,les inquiétudes sur l’avenir de son fils,lui aussi lourdement blessé dans l’accident,à l’âge de 6 ans.Mila,elle,ajoute aux conséquences de l’accident celles d’un post-partum sans bébé à câliner. Une dépression,des cauchemars et,« malheureusement »,un visage connu à coller dessus : celui du comédien Pierre Palmade,au volant de la voiture qui s’est déportée brusquement pour venir les percuter violemment.

« L’accident repose exclusivement sur une faute de conduite caractérisée »,a conclu la procureure dans ses réquisitions,se faisant tranchante sur « le fléau de la conduite sous l’empire de stupéfiants » : « On dit tous les jours à des conducteurs qu’ils peuvent détruire des familles (…) On ne peut donc pas être trop indulgents. » De la cocaïne et différentes drogues de synthèse ont été retrouvées dans le sang de Pierre Palmade.

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