Les journalistes du quotidien et de l’hebdomadaire protestent contre la perspective de la vente du second, le plus vieux journal dominical du monde, au groupe Tortoise Media.
Le personnel du « Guardian » en grève contre la vente potentielle de « The Observer » à Tortoise Media,à Londres,le 4 décembre 2024. VUK VALCIC/ZUMA PRESS WIRE/SHUTT/SIPA Pour la première fois depuis cinquante ans,les journalistes du Guardian et de l’hebdomadaire du week-end The Observer (publication sœur du principal quotidien de gauche britannique),se sont mis en grève pendant quarante-huit heures à partir de mercredi 4 décembre. Ils protestent contre la perspective de la vente de The Observer,le plus vieux journal du dimanche au monde (il a été fondé en 1791) au groupe Tortoise Media. Ce dernier a été cofondé en 2019 par un ex-rédacteur en chef du Times,James Harding,et l’ancien ambassadeur des Etats-Unis au Royaume-Uni,Matthew Barzun.
Tortoise s’est fait connaître pour ses podcasts de qualité,misant sur le journalisme d’investigation,mais le site n’édite pas de publication papier et ne compte qu’une petite équipe de journalistes – à comparer aux 70 journalistes de The Observer,travaillant souvent de concert avec leurs centaines de collègues du Guardian. « Nous voulons injecter de l’énergie et des investissements dans The Observer,donner une présence digitale au journal tout en gardant sa marque,en préservant son indépendance et sa défense du journalisme progressiste »,insistait James Harding,dans une interview diffusée le 7 novembre par le podcast « Media Confidential »,animé par Lionel Barber,un ancien du Financial Times,et Alan Rusbridger,ex-rédacteur en chef du Guardian.
« On nous a d’abord dit que Tortoise était prêt à investir 25 millions de livres,puis c’est passé à 20 millions et nous comprenons maintenant que seuls 7 millions sont assurés d’être disponibles »,ajoute la journaliste,qui s’est fait connaître au Royaume-Uni pour ses enquêtes sur les interférences entre réseaux sociaux et élections. L’offre de Tortoise Media n’assurera pas la « pérennité » du titre The Observer,craint encore Carole Cadwalladr,qui fait partie des grévistes. « Durant le processus [de vente],notre but a toujours été de faire ce qui est dans l’intérêt des lecteurs et des équipes du Guardian et de The Observer,afin que les deux titres continuent à promouvoir le journalisme libéral [progressiste] et prospèrent »,a assuré Ole Jacob Sunde,le président du Scott Trust – structure qui à la fois détient le Guardian et garantit son indépendance –,dans un courriel envoyé aux équipes des deux titres,publié par le Guardian.