Sexualité des Français : « Une plus grande diversité de pratiques et de partenaires, et une intensité moindre »

La sexualité des Français a été passée à la loupe dans une vaste enquête Inserm-ANRS, la quatrième du genre depuis 1970. La sociologue Nathalie Bajos et la démographe Armelle Andro en décryptent les premiers enseignements dans un entretien au « Monde », où elles soulignent un « paradoxe contemporain ».

La biologie Nov 14, 2024 IDOPRESS

Photographie extraite de « Diary series » (2014),de Lina Scheynius. LINA SCHEYNIUS Nathalie Bajos,sociologue (Inserm-EHESS),et Armelle Andro,démographe (Université Paris-1),font partie de l’équipe de recherche qui a rendu publics,mercredi 13 novembre,les premiers résultats de l’enquête « Contexte des sexualités en France » (Inserm,ANRS-Maladies infectieuses). C’est la quatrième du genre,après les éditions de 1970,1992 et 2006. Fruit de cinq années de travail,elle s’appuie sur les réponses de plus de 31 500 personnes âgées 15 à 89 ans,interrogées,entre novembre 2022 et décembre 2023,sur leurs pratiques,leurs représentations et leurs trajectoires sexuelles – entre autres. A partir des milliers de réponses recueillies,les deux expertes livrent leurs premières analyses sur les mutations du « paysage sexuel »,qui s’oriente vers une « plus grande égalité entre les sexes et les sexualités »,même si,tempèrent-elles,« les inégalités,les violences et les discriminations » perdurent.

Près de vingt ans nous séparent de la précédente enquête portant sur les sexualités en France. Qu’est-ce qui caractérise celle-ci ?

Nathalie Bajos : L’un des résultats très marquants est ce que l’on pourrait qualifier de « paradoxe contemporain de la sexualité ». Il se caractérise par une diversité croissante des pratiques sexuelles et des partenaires,en même temps qu’une moindre intensité de l’activité sexuelle. On a,par exemple,d’un côté,l’extension des répertoires sexuels (comme un recours plus fréquent à la masturbation,à la pénétration buccale,anale),un nombre de partenaires qui augmente,des pratiques qui s’étendent dans les espaces numériques et,de l’autre,un certain nombre d’indicateurs à la baisse,comme la fréquence des rapports sexuels – moins marquée chez les personnes en couple. Pour résumer : une plus grande diversité mais une intensité moindre.

Armelle Andro : La fréquence des rapports sexuels a diminué,au fil du temps,pour les deux sexes et dans tous les groupes d’âge : les personnes ayant eu un rapport sexuel dans l’année déclarent au cours des quatre dernières semaines,en moyenne,6 rapports pour les femmes,6,7 pour les hommes – contre,respectivement,8,6 et 8,7 rapports en 2006. Et pourtant,la satisfaction sexuelle ne diminue pas ; au contraire,elle est en légère augmentation. Et les femmes se déclarent toujours un peu plus satisfaites que les hommes. En 2023,45,3 % des femmes et 39 % des hommes se disent « très satisfaits » de leur vie sexuelle.

Il vous reste 76.96% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Restez à jour avec les dernières nouvelles mondiales en matière de technologie informatique sur Global News
© Frontière du Congo politique de confidentialité